Chers Théâtreux,
Dans cette nouvelle lettre, je vais vous parler d’un séducteur invétéré, de luxure, de pulsions, de tromperie, de l’Espagne, de vengeance, de justice, et surtout d’une petite merveille théâtrale à découvrir sans plus attendre. C’est ce que j’ai pu ressentir en me rendant au Théâtre Clavel pour y découvrir le spectacle “Dom Juan”, librement adapté de l'œuvre originale dramatique de Tirso de Molina et mis en scène par Fidel Pastor Sanz, pour la Compagnie La Mandragore Anima.
La pièce s’ouvre dans un moment de sensualité : nous découvrons, dans la pénombre, un Dom Juan masqué en compagnie de la duchesse Isabella qu’il a séduit en se faisant passer pour Octavio, son amant… Quand soudain, il est pris la main dans le sac mais parvient à tout de même s’en sortir grâce à son oncle, ambassadeur d’Espagne, qui lui laisse un répit pour reprendre le droit chemin… Ainsi commence la pièce.
A contrario de la version plus connue de Molière, présentant un Dom Juan d’âge mûr, nous suivrons ainsi quelques frasques de ce jeune et audacieux Dom Juan Tenorio - du texte de Tirso de Molina - se plaisant à duper et trahir les femmes qu’il séduit, à céder à ces pulsions comme un besoin vital, se croyant au-dessus de la morale. Cette version du mythe met aussi en avant une dimension plus spirituelle avec la présence de la mort qui guette Dom Juan comme une sentence au fur et à mesure de ses frasques bouleversant sans prévenir la vie tranquille des autres.
Malgré ses actions peu valorisantes, on arrive à s’attacher en quelque sorte à ce fougueux personnage, plein d’audace, d’envie de liberté, qui s’affranchit du qu’en dira-t-on et qui a une grande confiance en lui. Aussi, cette adaptation nous amène également à découvrir en quelques sortes le point de vue des femmes, et à comprendre ce qui fait qu’elles peuvent céder à la tentation (et ainsi se laisser duper par ce séducteur hors-pair) : ce sont bien souvent des femmes délaissées en amour, qui voient en Dom Juan un homme voulant, au premier abord, leur montrer qu’elles sont aimées. Un point de vue intéressant exploré ici, dans cette première version du mythe.
La pièce originale se présente sous la forme d’une comédie dramatique. L'adaptation moderne de la compagnie La Mandragore Anima la présente un peu comme un spectacle jovial et réjouissant, notamment avec une place importante laissée aux moments chantés et dansés (nous emmenant par la même occasion comme en voyage à Séville).
Le rythme de la pièce et de la mise en scène est plutôt intense, les huit comédiens sur scène enchaînent les personnages : chaque nouveau personnage ayant un costume confectionné dans le souci du détail, et parfois également un côté excentrique et déjanté. De quoi nous faire vivre une multitude d’émotions tout au long du spectacle, du plaisir et de la joie purs à la compassion et au cœur serré de temps à autre (de par l’attachement sincère aux personnages).
Voici une proposition artistique riche mêlant théâtre, chant et danse, qui m’a fait ressortir de la salle émerveillée par les performances des comédiens sur scène. J’y ai aussi découvert une version de Dom Juan que je ne connaissais pas, me donnant l’envie de me plonger dans les différentes œuvres écrites. J’avais déjà été conquise par l’adaptation de “
Frankenstein” par la même compagnie, et c’est ici encore un moment suspendu au théâtre qui fait du bien et que je vous recommande vivement. Oléeee !
Sur ce, je vous dis à très vite, et au plaisir de se croiser dans une salle de spectacles, dans la vraie vie, ou bien ici-même, pour un nouveau récit d'aventure théâtrale.
✨✨✨✨✨
L'Equipe Artistique :
D’après l’oeuvre de Tirso de Molina
Adaptation et mise en scène : Fidel Pastor Sanz
Avec : Félix Bony – Fabio Di Domenico – Laurent Kiefer - Léna Leroy - Geoffrey Lopez - Constance Parra - Mathilde Roger – David Sentkar
Costumes : Maxence Rapetti-Mauss
Création Lumières : Manu Morais
Visuel : Pablo Pastor
✨✨✨✨✨