Victor Frankenstein, jeune savant suisse dont l’obsession est de faire revivre un cadavre, décide de créer un être vivant avec des chairs mortes. Cependant, trouvant sa créature repoussante, il décide de l’abandonner, tel un parent abandonnant son enfant, en fuyant en quelques sortes ses responsabilités, la laissant livrée à elle-même dans la nature confrontée au regard des autres.
“Frankenstein”, c’est l’histoire d’un être vivant qui essaye de s’intégrer malgré sa différence. Rejetée, la créature créée par Victor Frankenstein, se met à éprouver des émotions humaines dont celle de l’amour - et du réel désir d’aimer et d’être aimé - mais aussi de la frustration et de la colère, éveillant ainsi un désir de vengeance envers les êtres qui le rejettent du fait de sa différence physique.
Pour ma part, je ne connaissais pas l'œuvre de “Frankenstein”, si ce n’est seulement de nom. J’avais notamment en tête que le nom de Frankenstein était le nom de la créature, et non celui du créateur. Aussi, c’est l’une des raisons pour lesquelles ma curiosité m’a amenée au théâtre. Et ce fut une découverte totale avec cette histoire intemporelle qui captive et fait réfléchir en abordant, par le fantastique, la notion de tolérance.
Conté par le personnage de Mary Shelley, tout au long de la pièce, le spectacle nous offre ainsi une adaptation fidèle au texte “Frankenstein, ou le Prométhée moderne”, avec ici le choix d’y inclure un nouveau personnage : celui de Prométhée (l'homme qui a défié les Dieux dans la mythologie grecque), un protagoniste plein de malice et de folie apparaissant un peu comme guide du jeune Victor Frankenstein, l'invitant à défier les lois de la nature en se prenant pour un être divin ayant le pouvoir de façonner le vivant. Une proposition de protagoniste et choix de mise en scène que j’ai particulièrement aimés, ajoutant une touche d’humour à cette histoire plutôt tragique.
Voici une proposition artistique surprenante, émouvante et riche, dont l’époque n’est pas définissable dans l’histoire mais qui pourrait bien s’avérer intemporelle tant le message porté nous ramène à nos problématiques actuelles.
“Frankenstein” est un spectacle qui m’a touchée et donné envie de lire l'œuvre, avec cette notion de tolérance et d’acceptation de l’autre malgré sa différence, mais aussi du poids de l'abandon et de la solitude, où l’on s’interroge : qui du créateur ou de la créature est le véritable "monstre" ? Mais aussi, ce que l'on reproche à l'autre n'est-il pas ce que l'on se reproche à nous-même ? La réponse au théâtre, qui donnera ici une belle leçon d'amour et de tolérance.
Sur ce, je vous dis à très vite, et au plaisir de se croiser dans une salle de spectacles, dans la vraie vie, ou bien ici-même, pour un nouveau récit d'aventure théâtrale.