“Algorithme” est un seul-en-scène futuriste et fantastique qui nous emmène dans la vie de Max, ou plutôt une partie de la vie de Max : dans son addiction pour les nouvelles technologies et les possibilités qu’elles lui apportent.
Max a ce qu'on appelle “la trentaine épanouie”, et se retrouve, comme bon nombre d’entre nous, trentenaires, dans une sorte de spirale infernale des injonctions de la société, mêlant doutes, ambition et quête de sens. Interprétée par la talentueuse Barbara Lambert, Max a un rêve. Elle veut danser. Sur scène, elle joue et danse, pour nous délivrer un message, et pour se connecter un peu plus au monde extérieur (j’ai d’ailleurs particulièrement aimé le mélange des arts entre théâtre et danse).
La vie de Max est ainsi rythmée selon le mode “ne pas manger trop gras, trop sucré, trop salé”, faire de l’exercice, avoir un emploi CDI acquis, éléments fondamentaux inculqués par la société pour “bien réussir sa vie”. Au fil des années, Max a pu acquérir, grâce à son emploi alimentaire, un ordinateur, une tablette, un smartphone, une montre connectée, ou encore une enceinte connectée… le tout la rendant dépendante et addict à tous ces écrans, à l’internet, aux nouvelles technologies et à cette quête du “toujours plus”.
Max veut être quelqu’un. En tout cas, le “quelqu’un” dicté par les messages et publicités inondant notre quotidien. Elle est ainsi happée par tous ces écrans, devenant cible privilégiée des sites marchands anticipant nos modes de vie en se basant sur nos centres d’intérêts connus de nos objets connectés. Ces écrans devenant alors une sorte de “raison d’être et d’exister”, “un essentiel pour vivre”, nourrissant notre insatiable égo.
Sur scène, seulement un lit gigantesque sur lequel se déroule presque l’intégralité de la pièce : le lit représentant ici l’enfermement dans notre petit monde virtuel, comme une bulle protectrice du monde extérieur.
Ainsi, la pièce nous amène à nous interroger sur notre rapport aux écrans omniprésents, à notre usage d’internet et ses dérives parfois, mais aussi sur les atouts de cet outil international : un outil que l’on peut voir comme une prison qui nous enferme ou bien comme une fenêtre sur le monde, une invention nous permettant d’accéder à des connaissances n’importe où et n’importe quand, et un moyen de se connecter les uns aux autres, en se soutenant, en partageant des émotions, en se retrouvant dans l’histoire d’autrui.
“Algorithme” est une pièce qui critique autant qu’elle fait la part belle de notre vie virtuelle, en nous faisant prendre conscience que l'on n’est pas nos écrans, mais qu’on en est bel et bien à l’extérieur, dans la vraie vie. On peut tout aussi bien se nourrir de l’extérieur que de ce qui est partagé sur nos réseaux préférés, nous faisant grandir et avancer dans tous les cas. “Algorithme” souligne notre quête d’humain et d’amour de l’autre à travers les écrans, à travers les possibilités qu’offre l’internet : une connexion au monde.
Proche de l’esprit de “Black Mirror”, le spectacle "Algorithme" est une occasion toute trouvée pour lâcher votre smartphone (ou tout autre écran), et de vous rendre au théâtre pour découvrir la formidable performance de Barbara Lambert, seule sur scène, nous délivrant un beau message d’espoir et d’humanité par le théâtre.
Sur ce, je vous dis à très vite, et au plaisir de se croiser dans une salle de spectacles, dans la vraie vie, ou bien ici-même, pour un nouveau récit d'aventure théâtrale.