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“La Tour de Pise”, quand le théâtre aborde nos peurs d’oser

“La Tour de Pise”, quand le théâtre aborde nos peurs d’oser
Chers Théâtreux,
 
Dans cette nouvelle lettre, je vais vous parler de dilemme, de peurs qui empêchent d’avancer, de charge mentale, de failles et de forces, d’amour, et surtout d’une pièce riche et touchante qui ne laisse pas indifférent. C’est que j’ai pu vivre lors de ma venue à La Manufacture des Abbesses pour la découverte de la pièce “La Tour de Pise”, adaptée du texte de Diastème, mise en scène par Karine Dedeurwaerder, et interprétée par Fanny Soler

Convoquée sur un plongeoir, une jeune femme tétanisée n’a d’autre choix que de sauter. Ce qu’elle refuse catégoriquement. Dilemme…

Sous la forme d’un seul-en-scène dont la scène se déroule intégralement sur une planche, c’est l’histoire d’une femme en équilibre, bloquée au-dessus de ce qu’on devine être le vide, subissant par moment une musique redondante… une histoire qui aurait tout pour nous faire frémir et qui pourtant amène tout un tas d’émotions multiples, ainsi qu’un véritable moment d'authenticité. Nous sommes alors plongés au travers les expériences et questionnements de cette femme - tantôt drôle et tantôt touchante, et de la situation absurde dans laquelle elle se trouve.
 
La Tour de Pise a un air penché - comme si elle portait un poids - et pourtant ne tombe pas, ne faiblit pas, au grand étonnement général : elle reste debout malgré tout. Cette image pourrait correspondre à cette femme active que nous découvrons sur scène.
 
S’adressant à un individu qu’on devine, voici une femme dont le seul choix qui lui est possible de faire est de sauter. Une femme pleine de doutes et de peurs. Une femme amoureuse aussi, qui aime, qui a aimé, qui a souffert. Une femme qui tente de comprendre pourquoi elle est sur cette planche. Tout d’abord anxieuse, elle se livre peu à peu en dévoilant ainsi sa sensibilité, sa peur, sa vulnérabilité, la rendant plus humaine, et moins “mécanique” dans ses actions : tout au long de la pièce, elle lâche prise, relâchant notamment les cheveux de son chignon, s’accordant plus de légèreté dans ses pensées. 

C’est pas pour faire mon intéressante mais je n’ai pas la tenue adéquate. Si vous pensez que ce n’est pas assez dangereux comme ça, alors dans cette tenue…[…] Oh, je vous vois venir, mais oui comme c’est original! Je ne me mets jamais en maillot de bain, jamais! […] J’ai ce qu’on appelle de la pudeur, monsieur! Ça vous dit quelque chose, la pudeur?

(extrait du texte du spectacle)

J’ai été agréablement surprise par cette pièce, par sa mise en scène nous plaçant comme sur un fil, et par la force du jeu de la comédienne dans une situation d’impasse. Une belle image qui pourrait nous rappeler bien des situations de la vie quotidienne. Un spectacle qui aborde ainsi ces peurs humaines - souvent inculquées par la société et par le qu’en dira-t-on - qui font qu’on n’ose pas et nous font nous mettre des barrières. La pièce aborde aussi l’amour, les sentiments amoureux, la peur de souffrir, la peur de ne pas être comme il faut, ou encore la peur de l’engagement dans un projet (qu’il soit professionnel ou personnel) qui peuvent être bloquant.
 
La Tour de Pise” est une pièce que je recommande vivement, pour un public averti. Un spectacle où texte, mise en scène et jeu sont tous aussi riches les uns que les autres, dévoilant aussi bien les failles que les forces des comportements humains, et ici de cette femme qui fascine par son récit.
 
Sur ce, je vous dis à très vite, et au plaisir de se croiser dans une salle de spectacles, dans la vraie vie, ou bien ici-même, pour un nouveau récit d'aventure théâtrale.
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Lauriane Cronier

Lauriane, théâtreuse passionnée, met en lumière le monde du spectacle, pour ajouter plus de théâtre à la vie et plus de vie au théâtre.
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