“L’Effet Miroir”, quand le théâtre devient le reflet de notre existence

28 Octobre 2023

Chers Théâtreux,

Dans cette nouvelle lettre, je vais vous parler d’un écrivain, d’inspiration et de création artistique, d’humain, de ses failles, de ses peurs, de son égo, et surtout d’une pièce comique au texte profond et réfléchi qui ne laisse pas indifférent. C’est ce que j’ai pu ressentir lors de ma venue au Théâtre de l’Oeuvre pour découvrir le spectacle “L’Effet Miroir”, écrit par Léonore Confino et mis en scène par Julien Boisselier.

Théophile est un écrivain à succès sur le déclin. Il retrouve enfin son inspiration avec l’écriture d’un petit conte poétique et aquatique. Mais l’interprétation du texte par ses proches se révèle cataclysmique : ils s’identifient aux personnages d’oursins, poulpes et autres créatures marines, décelant dans les métaphores des messages cachés. Ce soir, ils se réunissent autour d’un dîner pour régler leurs comptes…

J’avais déjà vu la pièce “Parlons d’autre chose” de Léonore Confino, et j’avais tout de suite été charmée par le style d'écriture fin, drôle et réfléchi de cette autrice. Aussi, c’est d’abord son nom sur l’affiche qui a intrigué ma curiosité. Je me disais alors que le texte allait être fort intéressant à découvrir…. et ce fut le cas !

“L’Effet Miroir”, c’est d’abord l’histoire d’un auteur, d’un poète, d’un écrivain qui, après cinq années sans rien publier, a retrouvé l’inspiration en ayant été attiré par un miroir ancien dans une boutique. Aussi, il parvient à laisser libre-cours à son imagination, à son inconscient, et il a eu envie d’écrire un “petit conte” sur le milieu aquatique qu’il a eu envie également de partager à son entourage… La pièce nous entraîne ainsi dans un échange entre quatre protagonistes au sujet de la création de Théophile, et de l’interprétation que chacun s’en fait…

On fait ainsi la connaissance de Théophile - l’écrivain, sa femme Irène - contrôleuse de gestion, son frère William - commercial, et sa belle-sœur Jeanne - thanatopractrice, autant de personnages hauts en couleurs - chacun avec ses émotions, ses envies, ses peurs - dans lesquels chacun pourra se retrouver à un moment où à un autre.

Chacun, à sa manière, va interpréter ce “petit conte” innocent en faisant une projection sur sa propre vie, ses propres problématiques… Chacun songera à ses propres peurs, trouvant dans l'œuvre un miroir de sa propre existence… ou comment une création artistique qui se veut inoffensive et poétique provoque un cataclysme social ! De quoi engendrer de nombreuses surprises, révélations et rebondissements, créant un effet comique et avec une forme d’humour décalé qui embarque le spectateur pour un moment de plaisir partagé avec les comédiens.

Pour illustrer cette histoire, la mise en scène nous place dans la demeure de Théophile et Irène, où trône ce fameux miroir… un grand miroir qui peut effrayer certains personnages lorsqu'ils s'y regardent… c’est un peu l’image de cet “effet miroir” quand on se reconnaît dans une œuvre, dans l’expression artistique…

“L’Effet Miroir” nous propose, à mon sens, une sorte de réflexion sur l’égo et les différentes interprétations possible, sur nos comportements pouvant être égocentriques, sur le regard subjectif que l’on a sur le monde et les comportements des autres, sur nos certitudes et sur nos peurs, sur la compréhension de l’autre.

Voici une proposition artistique riche, ingénieusement écrite et mise en scène, qui interroge avec humour et décalage, sublimée par une véritable complicité des comédiens qui nous embarquent dans la joie et la bonne humeur. Une occasion de passer un nouveau moment suspendu au théâtre.

Sur ce, je vous dis à très vite, et au plaisir de se croiser dans une salle de spectacles, dans la vraie vie, ou bien ici-même, pour un nouveau récit d'aventure théâtrale.