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Rencontre avec Sophie Imbeaux & Alexandra Desloires

Rencontre avec Sophie Imbeaux & Alexandra Desloires
A l’occasion de ma venue au Festival d’Avignon, j'ai eu la chance de rencontrer Sophie Imbeaux et Alexandra Desloires, du spectacle "Jeux de Planches". Deux comédiennes que j'admire tout particulièrement et qui m'ont généreusement accordé quelques minutes après un show plein d'énergie, d'émotions, de paillettes, de yaourt et de Spécial K.
Comment se passe cette édition du Festival d’Avignon ?
 
Sophie : Ça se passe très bien. Il est inespéré parce qu’en fait, on est complètes depuis le départ, ce qui est énorme, et on ne s’attendait pas du tout à ça, à cet accueil. Donc, on est hyper ravies parce qu’en plus de ça, on est allées à Avignon grâce à du mécénat. On a fait une cagnotte Ulule pour venir, on sentait qu’il fallait y aller et on n’a pas été déçues d’avoir fourni tous ces efforts pour venir parce qu’on nous le rend très bien.
 
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Pouvez-vous nous en dire plus sur comment est né votre duo ?
 
Alexandra : Notre duo est né en 2ème année du Cours Florent à l’occasion d’une scène qu’on a travaillée toutes les deux. Et du coup on a décidé de travailler sur un spectacle de fin d’études en troisième année. On est devenues déjà très amies et, artistiquement parlant il y avait un vrai coup de foudre, il y avait une osmose parfaite. On s’est dit qu’il ne fallait pas lâcher cela, et après l’école, pendant deux ans on a chacune fait un petit peu nos carrières respectives, et un jour on s’est rappelées et on s’est dit « c’est reparti pour un tour » et là « Jeux de Planches » est né.
 
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...et du coup, comment vous est venue l’idée du spectacle « Jeux de Planches » ?
 
Sophie : Il est né au Cours Florent. Après, il n’a cessé d’évoluer. Et aujourd’hui, je crois que c’est le produit le plus mûr que l’on peut avoir, parce qu’on a suffisamment de recul pour parler de notre histoire. En fait, il est très gai, ce qu’il n’était pas au départ. Et comme on prend du recul par rapport à notre histoire, il en devient d’autant plus amusant à raconter.
 
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Est-ce que vous pourriez nous parler chacune de vos parcours respectifs ? Qu’est-ce qui vous a poussées à faire ce métier ? Quelles sont vos influences ?
 
Alexandra : Je sais que j’ai toujours voulu faire ça, mais je ne sais sincèrement pas quand c’est né et pour quelle raison. J’ai toujours été très attirée par la scène, et ça a vraiment été confirmé quand j’étais petite, dans un des ateliers théâtre, où je sentais sincèrement que j’avais envie de faire ce métier-là. Mais je ne savais pas exactement ce que représentait ce métier, c’était l’univers du spectacle qui m’attirait. J’ai voulu faire de la musique, puis du théâtre, puis parfois même un peu de peinture. C’était très artistique, on va dire, et j’ai eu le déclic, je pense, quand j’étais adolescente où je continuais de faire des ateliers théâtre, où j’écrivais des spectacles pour mes potes. Et je me disais qu’il n’y avait que sur scène où je me sentais vivante le temps d’un instant, hyper bien écoutée, bien reçue, et où j’avais une sorte d’espace de liberté incroyable. Donc après mon BAC, j’ai fait les Cours Florent, et puis c’est parti comme ça.
 
Sophie : Mes influences, c’est Jacques Gamblin, les Chiche Capon, Julia Roberts mon actrice préférée que je trouve d’une spontanéité rare. Je me suis dit qu’il fallait que je fasse ce métier-là le jour où j’ai découvert le théâtre, à l’âge de 13 ans, où j’ai pris la parole dans un groupe amateur et où je me suis dit « bon sang, j’arrive à faire marrer les autres, je trouve ça génial ! ». Je suis rentrée chez moi et j’ai dit à mes parents que je voulais faire ça. Et au-delà de faire rire les gens, la passion a grandi et alimenté d’autres choses, parce que c’est vrai qu’il n’y a pas que ça. Je trouve que c’est une vraie chance d’être le messager de quelque chose, et c’est vrai que j’ai toujours aimé transmettre des histoires. J’adore la langue française et le fait de servir un texte...du coup le métier de comédienne me paraissait assez évident pour prendre la parole.
Et je trouve cela assez fascinant en fait de demander à des gens de s’enfermer dans une salle pendant une heure, d’écouter, et de leur dire « attends, j’ai un message à te dire ». Je trouve ça assez magique, encore aujourd’hui, même avec tous les objets connectés qu’on a autour de nous, d’avoir encore des personnes qui prennent le temps de se dire « on va aller écouter ce qu’il/elle a à dire. »
 
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Autour du spectacle, il y a aussi la chaîne YouTube « Do It Yourself », pouvez-vous nous expliquer son concept ?
 
Alexandra : En fin de compte, la chaîne YouTube, qui est une websérie hébergée par aufeminin.com, était censée retracer la naissance du spectacle, tout ce qu’il y avait avant, les rêves qu’on avait et pourquoi on voulait faire ce spectacle, sous une forme un petit peu romancée. En fait, on plongeait directement le spectateur dans nos petits délires jusqu’au jour J où on monte sur scène.
 
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Est-ce qu’il y a un moment dans le spectacle que vous préférez particulièrement ?
 
Alexandra : Il y a un moment où je redécouvre toujours des nouveaux trucs, c’est la scène des « subventions », où je sens Sophie qui s’amuse et parfois qui m’embarque dans d’autres trucs et moi ça m’amène à avoir d’autres réactions. J’adore aussi « la remise des Oscars », parce que c’est vraiment un échange où on est toutes les deux et on va se taquiner, en gardant le fil du texte bien évidemment, mais je trouve qu’il y a beaucoup de jeux de regards entre nous à ce moment-là.
 
Sophie : Il y en a un que j’aime particulièrement. En fait à un moment donné, je prends la main d’Alexandra et je lui dis « ta vie d’artiste à toi, c’est formidable, c’est un peu cui-cui les petits oiseaux ». Et une fois, j’avais tellement besoin de son soutien que je suis restée bloquée. Je lui parlais et je n’avais pas envie de lâcher sa main. C’est un de mes moments préférés parce que c’est un moment où on est en connexion, et dans le spectacle on l’est assez peu. On a un spectacle qui est très frontal, on a une adresse au public qui est très présente, et on a très peu de moments où on se regardent et où on se dit des choses. En plus, ce qui est pratique avec Alexandra c’est qu’en un clin d’œil on se comprend. C’est assez magique, on sait exactement ce que l’autre pense sur le plateau, à l’instant où on se regarde, et c’est vrai que ces moments-là sont précieux.
 
Alexandra : Il y a aussi un instant qui résonne pour moi particulièrement, à Avignon plus qu’ailleurs. C’est le moments où Sophie dit « les numéros 1 des sorties théâtre sont ‘Bienvenus chez les zarbis’, ‘Couscous au bacon’ », parce que là je me dit, dans la salle, il y a toujours une ou deux personnes qui se remettent en place du genre « non, non » et ça, j’adore, ça m’amuse.
 
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Avez-vous une anecdote particulière à nous raconter sur le spectacle ?
 
Alexandra : on en a mille en fait !
 
Sophie : En fait il y a une histoire folle, absolument incroyable, et de l’ordre du magique. On a fait une énorme représentation à Madagascar, et notre metteur en scène est tombée malade le jour J. C’est elle qui nous faisait la régie, et elle a réussi à tenir toute la soirée, grâce aux soins de la tante d’Alexandra qui est un peu magicienne. C’était épique. C’est-à-dire qu’on était à l’autre bout du monde, et il fallait qu’on joue le soir. On était livides, on était pétrifiées. Et tout a marché. Tout a fonctionné malgré ce truc énorme qui nous est tombé dessus.
 
Alexandra : On avait récolté 20.000 euros pour y aller, il y avait une pression immense. On se disait « si ça s’arrête, c’est la catastrophe ! ». Et ça a fonctionné.
 
Sophie : Et à partir de là, je me suis dit vraiment que tout est possible.
 
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Avez-vous un rituel avant le spectacle ?
 
Alexandra : On en a un, toujours. A chaque fois, on se dit « Bon, on se dit quoi aujourd’hui ? », et du coup on se motive mutuellement.
 
Sophie : On se dit exactement les objectifs qu’on veut avoir pour le jour J. Au festival d’Avignon, c’est assez marquant, parce qu’en fait, chaque jour on a des objectifs qui sont très différents, en fonction de l’état de fatigue, etc.
 
Alexandra : Et après, c’est “câlin”, “je t’aime”, “à tout de suite”, et c’est parti !
 
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Quelle serait la plus belle expérience que vous ayez eue ?
 
Alexandra : Il y a un truc qui me vient tout de suite à l’esprit, c’est quand on était à Madagascar, où on a joué devant des collèges et lycées. Pour la scène du catch, il y avait 350 personnes debout qui criaient. Et ça c’était un truc de fou ! Quand on s’est retrouvées dans les coulisses après le spectacle, on était, avec Delphine (Roudaut), toutes les trois en larmes à se demander ce qu’il venait de se passer. C’était énorme et je crois que c’était un des souvenirs les plus marquants.
 
Sophie : Ça a été le mien aussi. Un des trucs les plus bouleversants. C’était incroyable et complètement fou.
 
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Avez-vous des projets à venir ?
 
Sophie : On va continuer « Jeux de Planches » au Théâtre du Marais à partir du 17 octobre, tous les mardis à 20h30. J’écris un seul-en-scène qui sera à prêt en janvier, et je continue à écrire et créer des vidéos avec mon collectif féminin « La Douche ». On intègre le LAB de Golden Moustache à la rentrée donc on est très contentes !
 
Alexandra : Je me lance dans l’écriture d’une parodie de comédie musicale à partir du mois d’octobre avec Juliette Katz, et peut-être Mathias Pradenas. Et, la préparation d’un long métrage qui se fait en 2018, et puis un petit peu de musique.
 
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Que diriez-vous aux gens qui n’ont pas encore vu le spectacle ?
 
Sophie : Qu’il y a des paillettes, des Spécial K, des yaourts, et du catch !
 
Alexandra : Ça c’est ce qu’on dit quand on tracte. Mais, quand on sent vraiment que les gens sont intéressés, on lâche le discours du tractage, et on leur dit vraiment que c’est notre histoire qu’on leur raconte. Qu’on n’est pas là pour tricher sur le plateau et qu’on leur déballe tout ce qu’on a dans le bide, et qu’on fait ça avec vachement d’amour.
Sinon, c’est « y’a du catch, des céréales, des fleurs, des yaourts, et des paillettes ! »

Spectacle au Théâtre du Marais à partir du 17 octobre 2017, tous les mardis à 20h30

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Si vous étiez…
 
…un film :
Alexandra : “Forrest Gump”
Sophie : “Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain”
 
…une chanson :
Sophie : “Kiss Me”, de Sixpence None The Richer
Alexandra : “Hit the road Jack”, de Ray Charles
 
…un livre :
Alexandra : “Femmes qui courent avec les loups”, de Clarissa Pinkola Estés
Sophie : “Réparer les vivants”, de Maylis de Kerangal
 
…une personnalité / un personnage :
Sophie : Jacques Gamblin et Meryl Streep
Alexandra : on est toutes les deux très fans d’Albert Dupontel aussi
 
…un proverbe / une citation :
Alexandra : c’est un truc que je répète souvent, ce n’est pas un proverbe qui existe mais c’est mon grand-père qui m’a dit ça un jour alors que j’étais en train de sécher un cours de maths. Il m’a dit : “Fais plein de bêtises dans ta vie, mais fais-les toujours avec amour”, et j’ai adoré ça.
Sophie : ça serait “Je m’efforce de viser la lune pour tomber dans les étoiles.”
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À propos
Lauriane Cronier

Lauriane, théâtreuse passionnée, met en lumière le monde du spectacle, pour ajouter plus de théâtre à la vie et plus de vie au théâtre.
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