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Rencontre avec Xavier, Coach & Chroniqueur

Rencontre avec Xavier, Coach & Chroniqueur
Je suis allée à la rencontre de Xavier, Chroniqueur Théâtre pour le site La Grande Parade, et depuis 2020, Coach certifié et Créateur des Ateliers Pep's.
Plutôt curieux de nature et ultrasensible, après son arrivée à Paris, il s'est essayé au théâtre amateur : ce qu'il aime c'est à la fois jouer des personnages et avoir des interactions avec d'autres en mélangeant différentes sensibilités et personnalités, et en même temps tout ce qu'il y autour (les coulisses, le stress d'avant, la joie d'après, voir où le/la metteur(e) en scène va nous emmener, etc.). Je vous laisse alors découvrir cette nouvelle interview de Théâtreux...
Comment est née ta passion pour le théâtre ?
En réalité, par pur hasard. Je suis arrivé sur Paris il y a douze ans pour le boulot, je ne connaissais personne, je n’avais ni amis ni famille sur place. La première année a été assez compliquée à vivre d’un point de vue personnel. Du coup, la deuxième année, j’ai décidé de réagir avec des activités extra professionnelles, et on m’a parlé du théâtre d’improvisation dans lequel je m’éclaterais.
Donc, par un pur hasard, je me suis lancé, pour avoir une activité et rencontrer des gens. J'ai fait de l'improvisation pendant trois ans dans la même structure, avec les mêmes gens, et c’était trois années magiques où j’ai découvert un monde ultra sympa, des personnes vraiment chouettes et où je me suis découvert moi-même. Ça a été un peu le point de départ et depuis je n’ai pas arrêté de faire du théâtre.
 
En tant que spectateur, au début j’allais voir des pièces plutôt comiques, plutôt de l’improvisation et du one-man show. Il y a cinq ans, un ami m’a présenté la directrice d’un site spécialisé dans le monde des arts et spectacles, qui cherchait des chroniqueurs, et je me suis lancé là-dedans.
Les pièces que je vais voir aujourd’hui sont complètement différentes des pièces que j’allais voir il y a cinq ans : je recherche plus des pièces où on va chercher le fond, le message, l’émotion. Je vais de moins en moins voir des pièces comiques, j’y suis même de moins en moins sensible.

C'est comme quand tu es sur une cordée en montagne, où tout le monde est attaché ensemble, et où si une personne galère derrière, les autres doivent le tirer pour le hisser au même niveau... Je trouve que le théâtre est un bon parallèle par rapport à ça.

Qu’aimes-tu voir et ressentir au théâtre ?
J’aime être touché par quelque chose. Je me laisse facilement transporté dans un univers, je suis rarement déçu quand je ressors d’une pièce. Il y a toujours quelque chose qui m’aura intéressé, qui m’aura interpellé. Cela peut être le décor, les costumes, une façon de mettre en scène, l’histoire, le jeu des comédiens, ou vraiment un ensemble, et dans ce cas-là ce sera le kif ultime.
 
Que t’inspire la scène en général ?
Les maitre-mots, ce serait le Partage et la Générosité.
En tant que spectateur, c’est des gens, des dialogues, une mise en scène, un jeu d'acteur qui arrivent à m’emmener, me projeter dans un univers... Des gens qui ont la générosité de partager cela avec le public en jouant avec sincérité.
En tant que comédien amateur : quand tu es sur une scène, tu n’es pas là pour faire ta propre représentation et faire ton propre show, la pièce / le spectacle / l’improvisation ne fonctionnent que dans le collectif. J’aime bien l’idée qu'il y ait un côté très imprévisible – il y a des répliques qui peuvent sauter, des partis pris ou des émotions qu’on ne fera pas de la même manière d’un soir à l’autre – et partager cela pour pouvoir réagir et interagir, et si quelqu’un se plante, aller à son secours et le soutenir. C'est comme quand tu es sur une cordée en montagne, où tout le monde est attaché ensemble, et où si une personne galère derrière, les autres doivent le tirer pour le hisser au même niveau... Je trouve que le théâtre est un bon parallèle par rapport à ça.


Pour la dernière à Avignon, l’ensemble de la régie a grillé. L’ordinateur du régisseur était mort. Il ne pouvait faire aucun changement de lumière. Ça a été ultra perturbant et déstabilisant, mais en même temps c’est un de mes meilleurs souvenirs sur scène parce que c’était tellement improbable et il y a eu une telle écoute derrière, que c’est juste fou !

As-tu une anecdote marquante à nous raconter au théâtre ?
D’un point de vue de spectateur, il y a une pièce que j’ai adoré voir, c’est Dans la peau de Cyrano, jouée par un seul comédien - Nicolas Devort - avec une performance incroyable où il arrive à jouer dix personnages avec un changement de posture, de voix, de tonalité, d’expression corporelle. C’est une des rares fois où j’ai autant pleuré au théâtre, parce que l’histoire m'a touché personnellement. J’ai également trouvé cela beau de voir qu’une partie de la salle avait vécu les mêmes émotions.
 
En tant qu’acteur, ça a été la dernière représentation à Avignon en 2018. On avait une pièce où on était tous sur scène tout le temps – on déplaçait des chaises pour faire l’ensemble du décor et tous les changements se faisaient à vue, en huis clos, dans une espèce de semi-noir. Il y avait des changements où parfois certains étaient complètement à vue.
Pour la dernière à Avignon, on a fait salle comble avec 50 spectateurs. Toutes les représentations s'étaient bien passées, et là, à partir de la sixième scène sur 25 ou 26, les changements de lumière ne se font pas. Donc, tu commences un peu à stresser et te dire que le régisseur est en train de foirer complètement le truc alors que tous les autres soirs de la semaine il l’a bien fait. Et en fait, c’est tout simplement l’ensemble de la régie qui a grillé. L’ordinateur du régisseur était mort. Il ne pouvait faire aucun changement de lumière. On l’a compris au bout de deux ou trois scènes qu’on a joué un peu dans cette incertitude. Mais on ne s’est pas démobilisés ! Au contraire, il y a eu une super écoute de comédiens, encore plus de partage avec le public et entre nous. Dans la dernière scène, où il devait y avoir un noir intégral, le régisseur a coupé complètement l’électricité du théâtre à ce moment-là et de la rallumer juste après pour les saluts.
Ça a été ultra perturbant et déstabilisant, mais en même temps c’est un de mes meilleurs souvenirs sur scène parce que c’était tellement improbable et il y a eu une telle écoute derrière, que c’est juste fou ! Tu passes par un ascenseur émotionnel parce que t’es ultra perturbé et tu peux très vite lâcher prise, et puis finalement on se ressaisit et on partage de plus en plus. A la fin on est ultra déçus et puis un peu après on est finalement ultra contents que ça se soit passé comme ça parce qu’on a vécu un truc tellement fort.
Tu passes par plein d’émotions différentes et c’est ça qui était juste dingue !
Trois artistes qui t’inspirent :
- Léonore Confino, qui a été une de mes profs d’improvisation. J’ai connu ses premiers pas d’écriture parce qu’elle a commencé à écrire plus ou moins à ce moment-là. J’ai pu voir tout son cheminement et l’écriture qui s’affine à chaque pièce.
 
- Dans le monde du spectacle, les œuvres de Joël Pommerat m’interpellent. J’ai vu sa dernière création, en rodage : le style d’écriture et la cohérence avec ce qu’il se passe dans le monde en est assez troublant.
 
- Alexis Michalik, pour la qualité des mises en scène et le fait de rendre le théâtre accessible à tout le monde. Je trouve cela juste chouette de démocratiser le théâtre et d’en faire une vraie œuvre cinématographique. Tu as l’impression d’être dans le spectacle en même temps.
 
- J’adore également la peinture. Les œuvres de Salvador Dali, par exemple, c’est quelque chose qui arrive à me questionner, à me transporter. Dans un autre registre, Jean-Michel Basquiat est quelque chose que j’avais adoré voir.
Trois lieux de spectacles qui t’inspirent :
- Le TNP - Théâtre National Populaire, de Villeurbanne, fondé par Jean Vilar. Tout simplement parce que c’est ma ville natale, une salle qui est incroyable et où il y a une mise en scène audacieuse, et de nouvelles créations qui sont mises en place. C’est sûrement là – je ne suis pas sûr – où petit j’ai dû voir mes premiers spectacles. C’est un lieu qui m’est particulièrement cher.
 
- Le Festival OFF d’Avignon dans son ensemble.
 
- Le Théâtre Tristan Bernard parce que j’y ai notamment vu une pièce qui m’a marqué : Bigre. C’est une pièce entièrement silencieuse où il n’y a aucun dialogue. C’est incroyable comme on arrive à vivre une pièce et à rentrer dedans, à être touché, à rire, à être ému par les situations, alors qu’il y a zéro parole.
 
- Le Théâtre de l’Atelier parce que je me suis senti bien dans cette salle, il y a une belle énergie, un côté un peu participatif de la pièce avec le public.
 
- Le Théâtre du Gymnase parce que j’ai eu la chance d’y jouer une fois, dans la grande salle de 1000 places. C’était une salle de remplacement pour un spectacle amateur. Il devait y avoir entre 80 et 100 personnes, et la salle était extraordinairement vide. Et voir cette immensité, ce décor, était juste incroyable. Au niveau émotionnel et artistique, cette salle a une résonnance hyper forte pour moi.
 
- Il y a aussi le Théâtre Lepic, pour le côté ancien cinéma transformé en salle.
Portrait Chinois :
Si tu étais un film : « Whiplash », écrit et réalisé par Damien Chazelle.
 
Si tu étais une chanson : « Heart Beats Slow » en version acoustique, de Angus & Julia Stone
 
Si tu étais une pièce de théâtre :
« La Queue du Mickey » par Florence Muller et Eric Verdin, que j’ai vue à Avignon,
« Ring » de Léonore Confino,
« Pigments » de Nicolas Tafin et Élodie Wallace,
« Dans la peau de Cyrano » de Nicolas Devort.
 
Si tu étais un personnage : Gérard Depardieu, pour tout ce qu’il a fait en tant qu’acteur, notamment dans le film Quand j’étais chanteur, ou le personnage principal de la pièce Dans la peau de Cyrano.
 
Si tu étais une citation / une réplique : « Le Théâtre est le bouton qui relie le ciel à la terre » d’Olivier Py.
Sur Instagram : @xavierpaquet
Créateur des Ateliers Pep's
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Lauriane Cronier

Lauriane, théâtreuse passionnée, met en lumière le monde du spectacle, pour ajouter plus de théâtre à la vie et plus de vie au théâtre.
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