Dans cette nouvelle lettre, je vais vous parler de relation amoureuse, de rapports de domination, de l’attachement à l’autre, d’émotions humaines, de confiance en soi, et surtout d’une création audacieuse et intense qui bouscule et donne de la force. C’est ce que j’ai pu ressentir quand je me suis rendue au Festival OFF d’Avignon pour y découvrir “Poings”, pièce écrite par Pauline Peyrade, mise en scène par Léa Marcilloux, proposée par la Compagnie Fréquence 234.
Cinq moments d'une relation amoureuse toxique là où la violence invisible se glisse… Poings, c’est l’histoire d’une rencontre amoureuse qui vire au cauchemar. C’est une histoire de domination, de rapport de force. C’est l’emprise de Lui sur Toi. C’est le combat de Toi et Moi, ce duo de femmes brisées qui cherche à comprendre. C’est la traversée d’une épreuve humaine douloureuse, du chaos à la résilience.
Écrite de manière brute, avec le cœur, “Poings”, c’est l’histoire d’une relation amoureuse toxique depuis la rencontre jusqu’à la libération de l’emprise. La pièce est ainsi faite qu’elle aborde les différentes phases de l’emprise, mais aussi les violences subies - autant physiques que psychologiques, et l’aveuglement de la situation parfois vécu du fait de l’attachement à l’autre.
Ce spectacle, créé pour cette édition d’Avignon 2024, est une mise en scène du cinquième texte de Pauline Peyrade. Ce texte m’a notamment fait penser au film “A la Folie”, d’Andréa Bescond et Eric Metayer, diffusé il y a quelques années à la télévision - réalisé d’après une histoire vraie d'une relation amoureuse toxique (et dont les personnages principaux étaient incarnés par Marie Gillain et Alexis Michalik).
La jeune compagnie Fréquence 234, dont l’objectif est de raconter des histoires qui parlent d’humanité en défendant des sujets forts grâce au théâtre, choisit, avec le texte “Poings”, de mettre en lumière le récit d’une femme qui raconte comment elle a retrouvé la force de se sortir de l’emprise.
Sur scène, sur fond d’ombres et de lumières, Clara Aït-Ali, Simon Gagnage et Farah Naamoune enchaînent les tableaux, les scènes dans une intensité palpable dans le jeu. Ils nous racontent tous les trois l’histoire de cette femme, et on est pendus à leur lèvres. Durant toute la représentation, on retient son souffle avec cette femme qui veut retrouver la passion et sa joie de vivre, sa liberté d’être, et se libérer de l’emprise… Les voix, le son des cœurs qui battent, le texte et le jeu sont d’une puissance telle qu’on arrive à vivre les émotions avec elle en même temps.
Le décor est plutôt minimaliste. On retrouve un drap blanc au milieu du plateau, créant le fond visuel du récit et favorisant aussi les jeux d’ombres et de lumière, intensifiant le jeu des trois comédiens et l’atmosphère haletante : on se concentre davantage sur le texte, tout en étant impressionné par les performances sur scène.
Et puis, il y a l’importance de la musique. Là où le jeu d’acteur donne vie aux mots, la musique en live sur scène va créer l’ambiance et donner du rythme à l’histoire. La musique habille le spectacle, accompagne l’histoire et guide les comédiens dans leur jeu. Ici, c’est Vincent Geoffroy qui est aux commandes, visible sur le côté de la scène, et qui fait ainsi partie intégrante du spectacle. On voit qu’il vit l’intensité de l’histoire dans son art en même temps que les comédiens.
Crédits Photos : Laura Martin
La pièce “Poings” nous interroge alors sur les notions d’emprise et de pervers narcissiques, une thématique dont il est beaucoup question ces temps-ci dans notre société, et notamment de comprendre la situation d’emprise et d’en sortir. On peut se demander alors à qui la faute ? Pourquoi en est-on arrivé à cette situation qui, quand on en est conscient, nous rend malheureux ?
L’histoire évoque la perte de repères quand on est sous emprise, les violences physiques et/ou psychologiques subies, la prise de conscience qu’on n’est plus maître de sa vie mais qu’elle est régie par un autre, et qu’il ne peut pas vraiment y avoir d’amour véritable quand on est sous emprise mais une relation de dominant vs. dominé.
Quelqu’un qui t’aime ne te veux pas de mal. Quelqu’un qui t’aime ne s’amuse pas à te faire pleurer. Il ne te force pas à faire ce que tu n’as pas envie de faire. Quelqu’un qui t’aime ne te réveille pas au milieu de la nuit pour te gueuler dessus. Quelqu’un qui t’aime ne cherche pas à te faire peur, ne cherche pas à te faire mal. Quelqu’un qui t’aime, ce n’est pas ça, ce n’est pas de l’amour.
extraits de “Poings”, de Pauline Peyrade
“Poings”, c’est une proposition artistique bouleversante qui, grâce à la magie du théâtre, donne de la force, de l’énergie et réveille cette passion de vivre. Un spectacle qui parle du courage et de la nécessité de se choisir, de s’estimer et d’avoir conscience de sa valeur, de prendre confiance en soi, et de poser ses limites, tout en étant dans la compréhension de l’autre, pour sortir de l’emprise.
J’en ai déjà beaucoup dit sur cette pièce, parce qu’elle m’a véritablement marquée, touchée, bousculée. Mais cela ne remplace en rien l’émotion et l’intensité vécues pendant la représentation. Aussi, je ne peux que vous recommander vivement d’aller découvrir cette pépite qui ne vous laissera pas indifférent, et qui est, à mon sens, d’utilité publique.
Sur ce, je vous dis à très vite, et au plaisir de se croiser dans une salle de spectacles, dans la vraie vie, ou bien ici-même, pour un nouveau récit d'aventure théâtrale.
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L'Equipe Artistique :
Autrice : Pauline PEYRADE
Mise en scène : Léa MARCILLOUX
Interprètes : Clara AÏT-ALI , Simon GAGNAGE, Farah NAAMOUNE
Musique live : Vincent GEOFFROY
Création lumière : Amandine VOIRON
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A l'attention des programmateurs : pour découvrir ce spectacle et l’amener dans votre ville et/ou lieu de spectacle, je vous invite à prendre contact avec : Léa MARCILLOUX, pour la Compagnie Fréquence 234 - ciefrequence234@gmail.com
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À propos
Lauriane, théâtreuse passionnée, met en lumière le monde du spectacle, pour ajouter plus de théâtre à la vie et plus de vie au théâtre.
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