Avant d’évoquer mes impressions au sujet de ce spectacle, qui m’a marquée et touchée, j’ai envie de vous conter une petite histoire : Imaginons… C’est l’histoire d’une jeune femme passionnée qui se retrouve dans un travail où elle se sent utile, un travail auquel elle s’attache peu à peu. Alors elle s’investit beaucoup, par passion. Cela lui plaît et plaît aussi à ses patrons qui, voyant son efficacité hors-pair, lui confient plus de missions et de responsabilités. Elle a envie que ça marche, que cette boîte avance. Et puis, à force de passion et d’investissement, l’activité de la petite start-up augmente, la société grandit… La place tant chérie de l’humain se fait plus rare au profit d’une volonté de conquête de nouveaux marchés… La passion s’épuise au profit de l’épuisement...
Cette histoire, c’est un peu la mienne. Sans volonté plaintive en écrivant ces mots, j’ai plutôt l’envie de témoigner de faits réels qui peuvent se dérouler dans le monde du travail. Cette histoire, c’est aussi un peu celle d’autres salarié(e)s à bout, en épuisement professionnel.
En cela, ma curiosité m’a attirée vers “La Confuirence”, spectacle qui m’a apporté une véritable bulle de joie, de rire, de bienveillance… un cocon dont j’avais besoin, en quelque sorte. Avec cette création, la comédienne a trouvé une façon originale, drôle et décalée d’évoquer ce sujet brûlant de l’actualité qu’est le sentiment de mal-être au travail, grâce à une mise en scène clownesque et inventive.
En effet, “La Confuirence” aborde un sujet difficile grâce à la magie du clown, à sa gestuelle, à l’exploration de sa palette d’émotions, à l’inventivité du clown qui, à l’image de l’enfant qui veut essayer de faire comme les grands, va persévérer pour atteindre son objectif mais à sa manière… Le choix du clown réside ici dans sa liberté d’être et de parler de tout par le rire, par l’autodérision, pour désamorcer en quelque sorte le propos dramatique de situations compliquées et/ou tabous…
Aussi, nous sommes accueillis pour une conférence au sein de la compagnie “Chez Nous”, par une clown-salariée qui nous enseigne alors les bonnes pratiques dans l’entreprise...
A l’heure où les questions de bien-être au travail sont plus que jamais d’actualité, notre “confuirencière” nous rappelle la place et la nécessité de l’humain dans l’entreprise, et nous interroge sur notre rapport et notre attachement à notre travail, occupant une majeure partie de nos journées : Faut-il être totalement dévoué(e) et loyal(e) à son travail, même si on l’adore ? Est-ce égoïste de poser des limites pour ne pas que notre vie professionnelle empiète sur notre vie personnelle ? Choisis-t-on la servitude au travail ?
A l’image d’une relation amoureuse, la comédienne, sans être donneuse de leçons, aborde le travail comme un partenaire de vie que nous aimons mais qui nous oppresse parfois, et cela avec douceur, poésie, humour et bienveillance… L’élément majeur est ici le sentiment de souffrance au travail et la perte de sens à l’heure où les termes “burn-out”, “bore-out” ou encore “brown-out” sont fréquents dans nos conversations d’aujourd’hui.
Se fondant dans une atmosphère de bureau, notre clown-salariée interagit avec son auditoire et va employer un langage “corporate” et “clown” à la fois, et apparaît vêtue d’un tailleur sobre et coloré. Également, elle a choisi pour seul élément de décor un grand pupitre - symbolisant le monde du travail - qu’elle utilise de multiples façons, en le renversant, en l’escaladant et en jouant avec… un jeu et une mise en scène que j’ai, en tant que grande amatrice de spectacles clownesques, particulièrement aimés. (et d’ailleurs, chers théâtreux et autres lecteurs de passage sur ce blog, que diriez-vous de faire vos prochaines présentations professionnelles de manière plus théâtrales ? une manière de marquer les esprits de l’auditoire plus facilement en mettant plus de théâtre, d’humour et de poésie dans nos vies quotidiennes parfois trop sérieuses… je pose ça là).
“La Confuirence” est une proposition artistique dans l’air du temps, où il n’est pas impossible que vous vous identifiez aux situations énoncées, ou bien pour l’un de vos proches ou collègues. Un spectacle où il est question de vie de bureau comme d’une relation tantôt passionnée, tantôt toxique, qui nous obsède parfois jusqu’à ramener nos inquiétudes de boulot à la maison.
Apportant un éclairage unique en son genre par le clown et le rire, voici un spectacle ingénieux qui encourage à la réflexion et qui est, à mon sens, d’utilité publique (que je suggère pour des interventions en entreprises par exemple). C’est, pour ma part, un de mes coups de cœur de cette édition 2024 du Festival OFF d’Avignon, que je recommande vivement pour un nouveau moment suspendu au théâtre.
Sur ce, je vous dis à très vite, et au plaisir de se croiser dans une salle de spectacles, dans la vraie vie, ou bien ici-même, pour un nouveau récit d'aventure théâtrale.
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L'Equipe Artistique :
Auteure & Interprète : Anahid Gholami Saba
Assistant à la mise en scène : Pierre Ophèle-Bonicel
Décorateur : Olivier Taussig
Création lumière : Andrea Vida
Décors : Olivier Taussig – Atelier Veroliv
Vidéo : Guillaume Destombes
Crédits photos : Théo Dattola et Sixtina Macluan
Production : Compagnie La Brume
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A l'attention des programmateurs, pour découvrir ce spectacle et l’amener dans votre ville et/ou lieu de spectacle, je vous invite à prendre contact avec :
Anahid Gholami Saba, de la Compagnie La Brume -
labrumetheatre@gmail.com