Suite au décès accidentel de l’homme qu’il aime, pour faire son deuil, Tom se rend à la ferme familiale de ce dernier. Il ne connaît pas sa famille. Il rend vite compte que eux non plus n’ont jamais entendu parler de lui par leur défunt fils, et que cela va être compliqué d’annoncer à la famille qu’il a été le compagnon de leur fils.
La pièce s’ouvre sur Tom, seul sur scène. Tom arrive dans ce qui semble être une ferme. On entend chacune de ses pensées. Il découvre ce lieu inconnu. Il reste songeur par moment, encore sous l’effet anesthésiant du deuil. Il reste un moment là sans rencontrer personne, quand soudain, il se retrouve face à Agathe, la mère du défunt. Agathe est habitée par la douleur et la tristesse d’une mère déphasée par la perte de son fils. Très vite elle se sent bien en compagnie de Tom, lui qui n’a qu’une envie : se présenter comme étant le compagnon de son défunt fils, la rencontrer, et faire son deuil. Cependant, il renonce très vite quand cette dernière fait allusion à elle, cette femme qui “devrait être là” en ce triste jour. Il comprend que c’est trop tôt pour lui avouer son identité. Aussi, il patiente, tentant de mieux connaître son hôte…
Tout se complique quand Francis apparaît. Francis, c’est le frère du défunt. Il se distingue rapidement comme un homme impulsif, torturé, voire violent, comme sous l’emprise d’une blessure profonde qu’il n’a jamais réussi à guérir. Francis peut être touchant autant qu’il est violent.
Tom va tenter de sympathiser, de rencontrer, de comprendre un peu plus ces deux êtres chers à l’homme qu’il a aimé, essayant de s’intégrer parmi eux, et aussi pour espérer calmer les pulsions de Francis, devenant un personnage énigmatique pour Tom.
Aussi, “Tom à la Ferme”, c’est l’histoire d’une rencontre entre deux mondes que tout oppose, et qui tentent de créer du lien dans leur douleur commune : d’un côté, le monde de Tom, jeune citadin travaillant dans une boite de communication, de l’autre celui d’Agathe et Francis, tous deux s’occupant d'une ferme dans un village très reculé. Nous découvrirons une histoire de rencontres, mais aussi une histoire de mensonges, de non-dits, qui se termine en drame.
A travers l’histoire de “Tom à la ferme”, le spectateur est confronté, au même titre que les personnages sur scène, à la notion de deuil, au fait de perdre quelqu’un, ôtant par la même quelques repères et qui nous pousse à trouver du lien avec autrui afin d’éviter une certaine solitude.
A côté de cela, il y a aussi, dans cette proposition artistique, une sorte de démonstration de notre société d'aujourd’hui : une tendance à une certaine violence dans les relations humaines quand les choses ne vont pas dans notre sens, quand on se sent démunis face aux moments de solitudes et d’abandon. Face à cela, on a tendance à trouver refuge dans les autres… le tout étant de ne pas tomber dans une relation de dépendance à l’autre qui peut devenir toxique et malsaine.
“Tom à la ferme” est une pièce mélangeant mélancolie et tendresse, invitant à un bilan de sa vie et de ses choix face à la perte d’un être cher, et à reconnaître sa part de responsabilité dans ce qui nous arrive dans notre rapport aux autres, pour trouver notre propre solution quand on se sent perdu.
L’histoire s’articule entre narration et moments de vie. Tom est ici le narrateur : on entend ses pensées, ses peurs, ses doutes. Entre narration, moments de jeu, et moments de silences, on switche d’une scène à une autre sans transition.
Voici une pièce où chaque scène représente un moment intense en émotions, que ce soit dans les dialogues, le jeu ou les silences. Une riche palette d’émotions permettant de vivre un nouveau moment suspendu au théâtre.
Sur ce, je vous dis à très vite, et au plaisir de se croiser dans une salle de spectacles, dans la vraie vie, ou bien ici-même, pour un nouveau récit d'aventure théâtrale.