Découverte théâtrale à l’occasion d’une escapade en Avignon du 15 au 18 Juillet 2021.
Chers Théâtreux,
Dans cette nouvelle lettre, je vais vous parler d’un coup de cœur, de bouleversements, d’une pièce nécessaire qui nous rappelle le plus important : Vivre !
Lors de mon séjour à Avignon, sans même en lire le résumé (je ne lis que très rarement les pitchs de spectacles avant d’aller les découvrir) je me suis laissé happer par ce titre : “Les Vivants”. Un titre, deux mots qui résonnaient alors déjà en moi, deux mots qui m’attiraient comme un aimant.
Ils ont 30 ans. Ils sont fougueux et fans de Rock’n’roll. Mousse et Léo s’aiment depuis toujours et pour toujours. Le 13 novembre 2015 ils doivent aller voir Patti Smith à l’Olympia mais le concert est annulé et c’est finalement les Eagles Death Metal qu’ils vont voir au Bataclan.
Extrait du pitch du spectacle
Cette pièce est une fiction autobiographique écrite par Fanny Chasseloup, et mise en scène par Jean-Philippe Daguerre. C’est l’histoire d’un couple présent le soir du 13 novembre 2015 au Bataclan : elle était à l’étage et lui était dans la fosse se retrouvant grièvement blessé mais vivant. Alors, l’auteure a eu ce furieux besoin d’écrire ses ressentis suite à ce traumatisme. Puis, quelques années plus tard, avec suffisamment de recul, elle décide de sublimer ses mots en en faisant une fiction théâtrale : “Les Vivants”.
Au-delà du contexte des attentats du Bataclan en 2015, “Les Vivants” est un spectacle qui nous ramène surtout à la notion de force de vivre après un traumatisme, quel qu’il soit. Un spectacle qui nous démontre à quel point il est toujours sain de croire en la Vie et en l’Amour, deux valeurs auxquelles je crois profondément et qui rythment mon quotidien.
L’essentiel de la pièce se déroule dans l’appartement de Mousse et Léo, mais aussi dans un studio de musique, chez le psy, et dans une chambre d’hôpital, différents lieux matérialisés par les lumières du spectacle mais aussi par le jeu des quatre comédiens sur scène. Encore une fois, je me suis laissée embarquée très facilement dans cette histoire - pourtant dramatique - grâce à la dynamique créée par les comédiens et la mise en scène très riches en émotions transmises.
Aussi, tout au long de la pièce, outre l’accent mis sur l’émotion, c’est aussi l’amour du rock et de la vie qui nous sont communiqués ici, notamment par la musique choisie qui transmet alors cette énergie, cette force, ce courage d’avancer malgré les blessures. C’est en tout cas ce que j’ai ressenti (la musique ayant sur moi un effet assez puissant).
Au travers du personnage de Mousse, on retrouve les différents états psychologiques dans lesquels on peut sombrer après un traumatisme (la douleur, le déni, la colère, l’appropriation, l’acceptation), à différents niveaux en fonction de notre sensibilité. D’ailleurs, lorsque la comédienne se met à énoncer à toute allure tous ces mots, ces états, définissant le choc subi, j’ai - personnellement - trouvé cela assez puissant, au point où je sentais les émotions qui s’agitaient en moi. Pour l’hypersensible que je suis, cela m’a fait écho, cela m’a fait prendre conscience, par des mots, des visualisations, par la magie du théâtre.
D’une épreuve peut naître le meilleur : on peut réussir à extraire d’un événement traumatisant un engagement politique, psychologique, ou encore artistique...
Boris Cyrulnik (Extrait du dossier de présentation du spectacle “Les Vivants”).
“Les Vivants” apparaît ici comme l’une des réponses à toutes les questions que l’on pourrait se poser face à un choc, une douleur, une blessure. En cela, c’est l’un des points forts du spectacle vivant et de l’art en général - en faisant un élément essentiel et fondamental dans nos sociétés : transmettre des messages forts par l’émotion, par la fiction, par l’évasion du quotidien.
“Les Vivants”, un spectacle que je qualifierai de nécessaire de par les valeurs qu’il véhicule : la capacité de résilience face au choc en évitant de s’enfermer dans le pathos, en continuant de croire en la vie.
Aussi, je ne peux que recommander ce spectacle, ce véritable hymne à la vie, à l’amour, à l’amour de la vie, espérant qu’il vous donnera la même énergie, la même force, qu’il m’a transmis durant toute la représentation.
Sur ce, je vous dis à très vite, et au plaisir de se croiser dans une salle de spectacles, dans la vraie vie, ou bien ici-même, pour un nouveau récit d'aventure théâtrale.
Se mettre des œillères reviendrait à entrer dans le déni, qui bloque l’évolution. Il faut parvenir à ne pas se considérer comme une “victime”, mais comme une “blessée de l’âme”. Dans “victime”, il y a quelque chose de figé : on démissionne, on se laisse abattre. Se considérer plutôt comme une “blessée de l’âme”, c’est reconnaître qu’il y a eu un coup, mais qu’il y aura un après-coup.
Boris Cyrulnik (Extrait du dossier de présentation du spectacle "Les Vivants".
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À propos
Lauriane, théâtreuse passionnée, met en lumière le monde du spectacle, pour ajouter plus de théâtre à la vie et plus de vie au théâtre.
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