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Rencontre avec Cyrille Arnaud

Rencontre avec Cyrille Arnaud
Il y a quelques semaines, j'ai eu l'occasion de découvrir pour la première fois un spectacle d'hypnose en allant voir une représentation du spectacle de Cyrille Arnaud au Théâtre Trévise. J'ai été tout de suite fascinée par cette discipline et j'avais envie d'en savoir un peu plus. J'ai ensuite pu rencontrer Cyrille Arnaud et j'ai le plaisir de vous partager cette nouvelle interview.
Qu’est-ce qui vous a amené à faire de la scène votre métier ?
C’est un chemin de vie particulier. Fan de magie depuis l’âge de 10 ans, j’ai appris de manière autodidacte durant mon adolescence et me suis lancé de la fin de mon adolescence à jeune adulte.
Puis je m’en suis un peu éloigné pour y revenir quelques années plus tard. Je me suis alors intéressé à la moyenne et grande illusion, puis à la magie mentale (numéros de magie donnant l’illusion de prédiction, divination, télépathie).
Je me suis ensuite intéressé au mentalisme (discipline visant à développer le potentiel humain par les capacités mentales. On n'utilise aucun « accessoire de magie » mais la suggestion, la psychologie cognitive, la Programmation Neuro Linguistique et l’Hypnose).
C’est ainsi que je me suis développé à l’hypnose en premier lieu, l’hypnose de spectacle. C’est un peu venu comme ça et je n’ai pas vraiment cherché à le faire, c’est plutôt cette passion qui m’a amené à la scène.
 
Qu’est-ce que vous inspire la scène en général ?
C’est pour moi un lieu de rencontre, de partage et de communication. Et bien que deux espaces bien distincts séparent le public de l’artiste ou du conférencier, c’est justement ce qui permet de présenter son univers, de le personnaliser, le modifier, l’améliorer au fur et à mesure des représentations, en partie grâce aux réactions et retours des spectateurs. J’ai toujours aimé créer un lien, une interaction avec le public.
Comment est né le spectacle « Hypnofolies » ?
Il faut savoir qu’il y a déjà eu plusieurs spectacles qui l’ont précédé.
Le premier spectacle d’hypnose s’appelait « Hypnotik ». C’était des enchaînements d’effets hypnotiques, les uns derrière les autres : il n’y avait pas vraiment d’histoire mais uniquement plusieurs effets qui montaient en puissance. Ensuite, j’ai commencé à scénariser et intégrer des interactions avec les spectateurs.
Et puis, j’ai fait une programmation à Paris, avec un nouveau spectacle « Expériences Hypnotiques » (je n’avais pas encore trouvé le visuel et le titre qui me correspondaient vraiment), et c’est plus tard, que j’ai réécrit mon spectacle mêlant hypnose, humour, interactions (entre les sujets et avec le public) et que le titre « Hypnofolies » m’est venu.
 
Que représente ce spectacle pour vous ?
Pour moi, « Hypnofolies » c’est un spectacle qui vous transporte dans l’univers de l’hypnose, avec fantaisie, et de comprendre tout ce que l’on peut faire avec l’hypnose. Alors, bien sûr, on peut changer les goûts, les perceptions, créer des hallucinations (que ce soit quelque chose que l’on créé ou que l’on supprime de la vue), on peut devenir une autre personne, créer une amnésie partielle ou complète (mais toujours avec bienveillance), mais surtout, ce qui est intéressant c’est de créer des interactions les uns avec les autres, à la fois entre les sujets entre eux, et les sujets et les spectateurs.
Pour moi, c’est la manière amusante, interactive et un peu didacticielle de présenter l’hypnose.
 
Si vous deviez pitcher le spectacle en une courte phrase, quelle serait-elle ?
Mis à part la phrase d’accroche « Votre esprit sera-t-il de la fête ? » qui vise à interroger le lecteur sur sa venue au spectacle et vivre un moment festif, je pense que ce serait : « Révélez la fantaisie qui sommeille en vous. »
 
J’imagine qu’au fil des représentations, il doit y avoir pas mal d’anecdotes qui se sont accumulées. Y’a-t-il dans ces anecdotes un moment particulièrement marquant ?
Je pense tout simplement à la première fois que j’ai hypnotisé, c’était dans un Jas, à l’occasion de l’anniversaire de mon meilleur ami. Nous étions en fin de soirée et plus qu’une petite quinzaine de personnes.
J’ai vraiment mis du temps à produire les premiers effets, parce qu’à l’époque, j’écoutais les « on dit » et m’étais directement orienté vers l’hypnose ericksonienne. C’est après que j’ai su qu’il y avait l’hypnose classique et que j’ai compris que c’était la base de l’hypnose, quel que soit le domaine de notre activité.
Et après un long enchaînement d’inductions et de suggestions hypnotiques, les premiers effets se sont réalisés et le spectacle s’est bien déroulé
Puis, à chacune des soirées entre amis, j’improvisais une partie hypnose. Je me suis formé à l’hypnose classique (puis plus tard à l’hypnose rapide et magnétique) et j’étais en spectacle quelques mois après.
 
Et dans ce spectacle-là « Hypnofolies », quel serait le moment particulièrement marquant ?
Sa première représentation en 2016, au Théâtre de Ménilmontant. C’était la première fois où j’ai pu jouer « Hypnofolies » et ainsi présenter un spectacle d’hypnose complet, construit, drôle et interactif.
Si vous deviez choisir trois moments marquants de votre carrière, quels seraient-ils ?
Le premier moment marquant est quand j’ai commencé mon spectacle de magie de rue, à Lyon. J’avais 22 ans et que mon entourage ne comprenait pas trop mes dépenses dans cette passion, je me suis lancé comme ça. J’ai commencé à faire mes numéros devant quelques premiers passants et quelques instants plus tard, il y avait toute une foule de personnes arrêtées.
Le deuxième, c’est quand j’ai commencé à produire sur scène mon spectacle de magie mentale « Experi Mental Show », avec des effets de prédiction, de diversion et de télépathie. Je ne pourrais pas dire la représentation qui m’a le plus marqué, mais il y a un endroit qui me vient : Le Korigan à Luynes (qui est aujourd’hui un autre lieu). Lorsque je suis arrivé dans la région d’Aix-en-Provence, en 2010, et que je me suis présenté aux différents théâtres de la région Aix – Marseille, c’est le seul lieu qui m’a fait confiance et qui m’a proposé une collaboration.
Le troisième grand moment, c’est mon premier passage télé, à « Touche Pas à Mon Poste », le 4 décembre 2014. Double moment puisque ma petite nièce venait de naître. J’étais dans le sud, la production m’a contacté pour l’émission du soir. J’ai même cru que c’était une blague.
 
Quelles seraient vos inspirations artistiques, professionnelles et humaines ?
J’étais beaucoup inspiré par un magicien qui s’appelle Fabrice Han, que j’ai rencontré quand j’avais 17 ans. C’est le premier « vrai » magicien que j’ai rencontré et qui a commencé à m’expliquer quelques petites techniques et m’a donné l’adresse d’un magasin de magie sur Paris. Il m’a inspiré énormément à mes débuts, notamment lors de mes spectacles de rue.
Je m’inspire beaucoup des spectacles, comédies musicales (scénographie et mise en scène) et aussi des humoristes, pour leur répartie et leurs vannes. J’adore Laurent Baffie, Chevallier et Laspalès, et en nouvelle scène Patrick Chanfray, Kevin et Tom. J’aime bien tout ce qui touche à la répartie et le fait de prendre les gens au dépourvu.
Il y a quelques personnes qui m’inspirent, dans un tout autre mon domaine. Par exemple, Fabrice Lucchini : j’adore son personnage, c’est quelqu’un qui nous donne envie de lire, de se cultiver et de se développer à la réflexion, au bon sens.
J’admire également les personnes au parcours de vie atypique et qui ont su répondre à une opportunité et s’imposer en maintenant leur personnalité, leur façon de voir les choses.
Je crois qu’à force de travail, quand on veut on peut toujours, et je pense que l’être humain est capable de pas mal de choses s’il affronte ses peurs. Pensez-vous que l’hypnose serait une solution qui pourrait être davantage mise en avant pour aider les gens à affronter leurs peurs ?
Bien évidemment.
En fait, les peurs sont des émotions liées à des perceptions. Quand on a peur de quelque chose – que ce soit une phobie ou une angoisse – c’est l’idée que l’on s’en fait qui fait que l’émotion négative se concrétise. Par exemple, quelqu’un qui a la phobie des aiguilles, dès qu’il sait qu’il a rendez-vous chez le médecin pour un vaccin, il a déjà un mal-être.
En fait, tout cela, c’est l’inconscient qui va le gérer. L’inconscient est géré par rapport aux croyances, aux références, à notre carte du monde, par rapport à notre vécu. L’hypnose va nous servir justement à être entre contact avec l’inconscient et à pouvoir lui proposer de changer de direction, de transformer la perception.
Donc, une personne qui peut avoir peur de se lancer dans un projet, avoir une peur, une angoisse, un problème émotionnel, quel que soit la nature de sa problématique, grâce à l’hypnose on peut modifier ses perceptions dans le but de la faire évoluer selon ses références et pour son bien-être.
En spectacle, il y a un effet où une personne a d’un seul coup la tenue de ses rêves, et pour cet effet-là, en général, je choisis une des personnes les plus timides ou qui selon moi au début du spectacle est introvertie. Cette personne, bizarrement, prend une grande aisance, une grande élégance à vouloir faire ce défilé dans cette tenue de rêve, parce que simplement on révèle la confiance en soi qui était enfouie.
Certes, c’est de l’hypnose, c’est du spectacle, c’est sur scène, mais avec un petit échantillon de ça, en sortant de la salle, elle a déjà un petit quelque chose qui grandit en elle. Et je n’en parle pas en thérapie où là, on a beaucoup plus de temps pour travailler et qui permet à la personne de devenir véritablement plus confiante.
 
Et du coup, après, la personne se souvient, une fois qu’elle est sortie de l’effet hypnotique ?
Bien sûr qu’elle se souvient. Après, soit elle reste sur ce tremplin-là et elle rebondit et fait son propre chemin, soit elle en reste là. Mais quelque part, il y a la graine qui a été plantée.
Quel est votre rapport au théâtre et aux spectacles en général ? Et qu’est-ce que vous aimez voir et ressentir au théâtre ?
Ce que j’attends, c’est d’être soit touché émotionnellement, soit intrigué, soit amusé, mais quelque part il doit y avoir une histoire et une émotion. Pour moi, le théâtre c’est de l’art vivant et cela doit nous toucher, nous atteindre. Qu’on soit au premier ou au dernier rang on doit être embarqué par ce que l’on voit, ce que l’on entend et ce que l’on ressent, que ce soit de la magie, une comédie, une tragédie, etc.
 
Y’a-t-il une réaction de spectateur qui vous a particulièrement touché et marqué ?
C’était il y a presque un an, je jouais à la Comédie des Suds dans le sud de la France. C’est la région où je vis depuis huit ans, sauf que je n’avais pas fait de grande salle depuis mon arrivée dans le sud. Il y avait donc plein de gens qui voulaient me voir.
C’est la première date où j’ai joué dans une « vraie » salle de 300 personnes dans la région où je vis depuis 8 ans, et depuis les loges j’entendais déjà les applaudissements, mon prénom, etc. Cela m’a vraiment fait quelque chose, d’être appelé, d’être réclamé.  C’était vraiment quelque chose de fort.
Et sinon, pour un spectateur en particulier, il y a plusieurs moments. Il y a toujours le spectateur ou la spectatrice qui a un souci de sommeil ou un souci dans sa vie et qui sur scène me le confie. Et, avec les spectateurs, on aide cette personne-là, et en plus on lui apporte l’énergie nécessaire pour la mettre sur le chemin de la solution. Du coup, on partage vraiment une émotion et ensemble. La personne nous donne quelque chose d’elle, assez sensible, et avec cela et sa permission, on va justement l’aider à pouvoir la surmonter.
En fait, pour moi, lors d’un spectacle d’hypnose, on ne peut pas faire un spectacle pour faire un spectacle. On doit créer quelque chose, même si le spectacle est déjà écrit selon une trame, même si les effets sont déjà scénarisés, on doit créer quelque chose sur scène avec les personnes. Finalement, on doit sortir du spectacle comme quand on sort d’une conférence, on doit en sortir grandi, avoir appris quelque chose, avoir vécu une expérience.
Quels sont les projets actuels et à venir ?
J’ai déjà joué quelques mois il y a deux ans puis récemment dans des théâtres parisiens, j’aimerais avoir une nouvelle programmation régulière à Paris. Ça ce sont mes projets actuels.
Il y a également l’organisme de développement professionnel et personnel  www.resilienceinstitut.fr que j‘ai fondé et qui propose formations, conférences et consultations.
Pour les projets lointains, il y a d’autres spectacles que j’ai déjà en tête, mais pour l’instant « Hypnofolies » attend encore beaucoup de spectateurs.

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Si vous étiez…
 
…un film : ça dépend, je peux être plein de films à la fois parce que j’aime tous les genres et je me reconnais dans beaucoup de films, dans le parcours de vie, ou dans ce que j’aime ressentir. « Inception » pourrait être un film qui pourrait me correspondre, d’ailleurs c’est le film que j’ai le plus vu. J’aime bien « L’Arnacoeur », « Le Coach » qui sont des comédies sur le thème de la communication, la connexion avec l’autre.
 
…une chanson : ça serait une musique qui serait assez pêchue, soit dans le domaine du rock et un peu métal, soit du côté house et électro, mais des musiques assez rythmées.
 
…un livre : « La Nuit des Temps » de Barjavel ; ou un des livres de Laurent Gounelle.
 
…un personnage : Patrick Jane de « The Mentalist », je plaisante, trop attendu comme réponse. À vrai dire, aucune idée.
 
…une citation : « Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort »
Plus d'infos sur www.cyrillearnaud.fr
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À propos
Lauriane Cronier

Lauriane, théâtreuse passionnée, met en lumière le monde du spectacle, pour ajouter plus de théâtre à la vie et plus de vie au théâtre.
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