“Déluge”, quand le théâtre fait de l’espoir une énergie renouvelable

18 Mars 2023

Chers Théâtreux,

Dans cette nouvelle lettre, je vais vous parler d’écologie, d’éco-anxiété, de comportements humains, de volonté que ça change, de doutes et de remise en question, d'espoir, et surtout d’une pièce dans l’air du temps qui sait trouver les mots justes face aux menaces qui pèsent sur notre planète. C’est ce que j’ai pu ressentir lorsque je suis allée au Théâtre Le Funambule Montmartre pour découvrir “Déluge”, une pièce de Laure Loaec, mise en scène par Frédéric Thibault, avec Amandine Pudlo et Julien Héteau.

Déluge, c’est la quête d’une femme et d’un homme pour sauver une planète pourtant condamnée.

La pièce commence en plein déluge. Un homme et une femme cherchent un abris et se posent pour manger et reprendre des forces. Il y a dans un premiers temps des silences riches de sens, à la fois puissants et apaisants, faisant, à mon sens, une des forces de la pièce, qui par cette occasion nous permet de prendre le temps de nous poser pour songer à cette triste réalité liée au dérèglement climatique.

Elle a peur, ne se reconnaît pas car elle n’est pas faite pour avoir peur. Alors elle choisit d’être dans l’action pour surmonter cette peur. Elle a besoin d’une cause à défendre pour être quelqu’un, pour exister, avoir le sentiment d’être là pour quelque chose, et lutter jusqu’au bout. Il est plus posé, en contraste avec elle, et éprouve le besoin de calme, et d’une sorte de résilience et d’acceptation de ce qui arrive. Il est dans l’espoir.

On n’a tellement peur du ridicule qu’on passe notre vie à se taire.

(extrait de la pièce)

Nous sommes face à deux comportements qui s’opposent et qui tentent de se comprendre à nouveau, face à l’urgence climatique. La pièce nous présente ainsi deux choix de vivre, de se préparer face à la menace qui plane comme une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Deux comportements auxquels chacun de nous pourrait s’identifier, en fonction de notre rapport à cette menace écologique.

“Déluge”, c’est aussi, pour chacun des personnages, une sorte de moment d’introspection et de remise en question sur la personne qu’ils souhaitent être pour vivre cette nouvelle situation à laquelle l’humanité va devoir faire face. A savoir peut-être faire de notre mieux, en fonction de notre besoin vital et de nos ressentis.

A l’heure où l’éco-anxiété est une réelle problématique de société, et sensible pour ma part à ce sujet, “Déluge” m’a apporté un réel apaisement et de l’espoir, de par sa mise en scène délicate, un jeu d'acteur captivant, et avec une réflexion très intéressante sur les émotions et réactions humaines différentes face au réchauffement climatique.

Avant de rassembler les foules, il faut déjà se rassembler soi-même.

(extrait de la pièce)

“Déluge”, ou quand l’art apparaît comme essentiel pour trouver les mots justes, déclencher les émotions et ainsi redonner espoir et apporter l’apaisement nécessaire.

Une pièce presque trop courte qui m'a particulièrement séduite par ces deux personnages et leurs émotions, tentant de trouver un équilibre dans leur vision des choses. Une proposition artistique audacieuse et originale, que je vous recommande, que vous soyez sensible ou non aux problématiques écologiques.

Sur ce, je vous dis à très vite, et au plaisir de se croiser dans une salle de spectacles, dans la vraie vie, ou bien ici-même, pour un nouveau récit d'aventure théâtrale.