“Il ne fait jamais nuit”, quand le théâtre et la danse apportent de l'espoir

Chers Théâtreux,

Dans cette nouvelle lettre, je vais vous parler de rêves et d’ambition, de doutes et d'angoisses, de persévérance et d’entraide, de chemins de vie, mais surtout d’un spectacle qui bouleverse et émeut, tout en transmettant un message d’optimisme malgré un drame. C’est ce que j’ai vécu lors de ma découverte de la pièce “Il ne fait jamais nuit”, écrite et mise en scène par Juliette Moltes, et chorégraphiée par Sébastien Salardenne, à l’Auguste Théâtre.

Ils sont amis, amoureux, frères ou sœurs. Ils sont un groupe, fait de chemins singuliers, de rêves et de légèreté. Ils seront pourtant confrontés à l’insoutenable, un drame qui va bousculer leur existence toute entière. Ensemble, ils vont traverser une épreuve où chacun devra trouver les ressources pour s’en sortir, se relever ou s’effondrer. Il ne fait jamais nuit explore un univers, celui d’une jeunesse précipitée malgré elle dans une chute vertigineuse.

“Il ne fait jamais nuit”, c’est l’histoire d’un groupe d’étudiants, avec leur lot d'envies, de difficultés, d’émotions en tous genres, de traumatismes, d’envie d’avancer… L’histoire de plusieurs jeunes aux rêves plein la tête, chacun cherchant à les accomplir par un parcours singulier plus ou moins semé d’embûches. Plusieurs portraits mis en avant et au travers d’une histoire centrale : celle de Simon.

L’histoire de Simon est celle d’un étudiant en médecine dont le rêve est d’être danseur, mais dont l’autorité du père le pousse vers un format de réussite basé sur les injonctions de la société. On y découvre alors le mal-être de Simon, frustré de ne pouvoir aller au bout de son rêve du fait d’un manque d’écoute de son entourage.

Un spectacle engagé

Seconde cause de mortalité chez les jeunes, le suicide représente environ 16% des décès survenant chaque année pour les 15-24 ans, et 20% pour les 25-34 ans. C’est dans cette classe d’âge que ce taux est le plus important.

C’est dans l’optique d’informer sur cette donnée souvent oubliée que la pièce “Il ne fait jamais nuit” voit le jour comme un moyen de sensibiliser par la scène sur ce sujet en partant d’un constat : celui d’une jeunesse encore trop touchée par un sentiment de mal-être et allant, dans les cas extrêmes, vers une tendance suicidaire par désespoir. Ainsi, par le biais de l’expression artistique, le spectacle met en lumière une quinzaine de jeunes gens d’horizons divers, plein de rêves, de doutes et d’angoisses, montrant tantôt les failles d’un système limité en terme de prévention, tantôt un message de persévérance et d’optimisme.

J’ai été très touchée par chacun des personnages aux histoires singulières. Que ce soit à cause de harcèlement scolaire ou professionnel, de discriminations, de solitude, de précarité, de dépendances, d’un contexte familial ou social difficile, voici une pièce qui met en lumière le mal-être, la détresse, l’angoisse et l’impact que ces situations qui peuvent devenir destructrices psychologiquement quand on en est la cible. Des causes auxquelles je suis particulièrement sensible et pour lesquelles j’ai envie de lutter en sensibilisant sur les impacts dramatiques souvent peu considérés.

L’une des forces de ce spectacle est, également, à mon sens, le mélange des arts entre théâtre et danse dans la mise en scène. L’art vivant apparaît ici comme un espoir, un moyen plus poétique, plus doux et plein d’optimisme de transmettre un message : une volonté d’entraide, de bienveillance, de persévérance et d’envie d’avancer malgré les obstacles, aussi douloureux qu’ils peuvent parfois l’être.

Un spectacle dont on ne sort pas indifférent

Plus généralement, au travers l’histoire de ces jeunes, c’est un spectacle où chacun peut s’y reconnaître, quelque soit son vécu, quelque soit son âge. C’est un spectacle qui relate, en quelques sortes, l’histoire d’une société et de ses injonctions de réussite face à des rêves singuliers, face à l’obstacle du “qu’en dira-t-on”, du “ce n’est pas comme cela qu’il faut faire”, du “il faut cocher toutes les cases pour réussir’, et j’en passe. Un spectacle dont ne sort pas indifférent, et qui impressionne aussi par la performance scénique de chacun de ces jeunes comédiens très prometteurs.

Sur ce, je vous dis à très vite, et au plaisir de se croiser dans une salle de spectacles, dans la vraie vie, ou bien ici-même, pour un nouveau récit d'aventure théâtrale.

Lauriane C.

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